Révélé dans les festivals par Le Jour où le cochon tomba dans le
puits puis le Pouvoir de la province de Kangwon, Hong Sang-soo revient à Cannes avec un troisième long métrage au titre plus alambiqué encore. La vierge en question, est Soojung, minette énamourée, assistante d'un cinéaste trentenaire aux allures d'ours, Youngsoo. Celui-ci lui présente un de ses meilleurs amis, le séduisant Jaehoon. Commence alors un jeu de séduction dont l'issue sera la première expérience sexuelle de Soojung. Le canevas est simple mais le film sacrément complexe. Car Hong Sang-soo choisit de tracer une ligne découpant sa matière narrative en deux blocs disjoints. Au bout d'une heure, le film se réenroule, reprend la même histoire, mais propose un nouvel agencement des plans, modifie certains détails d'une scène (le nombre de participants, un détail visuel, un dialogue). Une scène débute à l'endroit où elle s'achevait durant la première heure, une autre au contraire prolonge des événements déjà montrés et les résout d'une autre manière. La première heure pourrait être la version du garçon et la seconde de celle de la fille. Mais là encore, Hong Sang-soo glisse des fissures dans le dispositif. Dans la première heure, nous suivons Soojung sur un téléphérique en l'absence de Jaehoon. Dans la seconde, on assiste au baiser de Jaehoon et d'une amie dans le dos de Soojung. Quelque chose de totalement arbitraire dans la composition résiste à toute tentative de justification. C'est ce qui rend le film