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Libération
Interview

«Un jour, il n'y aura plus de musique».

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CLASSIQUE. Aldo Ciccolini, pianiste exigeant, en concert ce soir à Paris.
publié le 23 mai 2000 à 0h53
(mis à jour le 23 mai 2000 à 0h53)

Le grand public connaît peu ce maître du piano, né à Naples en 1925.

Et pour cause: Aldo Ciccolini a toujours privilégié la pureté de l'expression, une élégance douloureuse, par rapport aux mirages d'une carrière internationale. Premier Prix du concours Marguerite Long à 24 ans, Ciccolini va renoncer au confort et aux illusions du pouvoir pour servir la musique avec humilité pendant cinquante ans. Occasion d'un bilan avec l'intéressé il y a quelques jours.

Vous parlez toujours d'un âge d'or révolu du piano" Plus de grandes personnalités, une interprétation standardisée, esthétiquement parlant tout le monde fait la même chose. On entend des pianos mécaniquement parfaits, pas cette impression rassurante de calme et de puissance émanant de Backhaus, ni la magie sonore de Gieseking. Après Michelangeli, c'est la décadence. De plus en plus de musiciens tentent à tout prix une carrière. Or, ne pas céder aux modes, refuser de séduire avec des procédés de cirque, voilà comment on peut devenir pianiste.

Vous avez pourtant choisi d'enseigner" On a proposé ma candidature au conservatoire en 1972, alors que je n'avais pas l'intention d'enseigner. Cela aura été une expérience merveilleuse, aussi importante que de jouer du piano. Le seul changement que j'ai apporté, c'est le tutoiement. J'ai horreur du respect, je préfère l'amitié, l'estime et la compréhension.

Vous avez défendu Satie, Séverac et Chabrier, que pensez-vous du répertoire pianistique d'aujourd'hui?

On enregistre et on donne en co