Darren ôte sa casquette, sa chemise et trace de longs sillons de
terre sur sa peau brunâtre. Soufflant dans le manche en creux de son didjeridoo, l'instrument sacré des aborigènes d'Australie, le jeune homme s'assoit sur le lit métallique d'une chambre du Centre international de séjour de Blois. «Ce soir, nous exécuterons plusieurs de nos danses et de nos chants rituels, explique-t-il dans un anglais roulant. Il y aura la danse du Diable et la danse du Vent. Nous n'avons pas de saisons dans nos régions; pour en connaître les changements, nous nous fions à la course des nuages.» Avec 7 autres membres de sa communauté, il est venu faire part de ses traditions au sein du Village des enfants musiciens du monde. Pour l'occasion, l'ancienne chocolaterie Poulain a été recyclée et divisée en trois espaces: tribal, rural et urbain. Durant deux mois, une vaste cartographie des musiques populaires de la planète y sera révélée par la présence successive de 15 ensembles d'enfants aux origines différentes, conscients que la survivance de leur identité passe par une ouverture au public.
Terre sacrée. «Il fait vraiment froid ici. Les rues sont immenses, on ne marche pas sur la route et les maisons sont hautes. Il y a beaucoup de voitures.» Douglas, l'aîné du groupe, âgé de 19 ans, a déjà les traits d'un adulte cabossé. Il pense qu'aujourd'hui les gens de sa communauté, près de Gove, sur les bords du golfe de Carpentarie (Australie), vont danser: «Nous vivons selon nos coutumes ancestrales et