«Il paraît qu'en Avignon, 8 000 personnes vivent à l'intérieur des
remparts de la ville et 80 000 à l'extérieur», énonce Mahmed. Il est l'un des onze collaborateurs occasionnels de l'artiste Thomas Hirschhorn et résident de la cité Champfleury, l'une de ces sordides barres HLM, au pied de laquelle l'artiste a choisi de fabriquer collectivement son Deleuze-Monument, (hommage à Gilles Deleuze), certainement la production la plus judicieuse de l'exposition. C'est cette distinction entre l'intérieur et l'extérieur, le haut et le bas, l'«en Avignon» des festivaliers et la vie réelle au-dehors qu'a choisie, volontairement ou inconsciemment, d'entériner la Beauté. La première grande manifestation de la Mission 2000 en France s'est voulue pluriculturelle par vocation (arts plastiques, musique, mode, etc.): elle est multiculturelle par accroc.
Célébration. Ce n'est évidemment pas pour rien que Jacques et Bernadette Chirac, Catherine Tasca, Claude Pompidou et Mireille Mathieu inauguraient en grandes pompes, jeudi matin, la Beauté en son sein des saints, le palais des Papes (ils ont aussi visité un pavillon avoisinant consacré à la Nature à l'oeuvre, soumettant végétaux, coquillages, insectes à une muséographie hypra-sophistiquée). D'abord, parce que le reste n'était pas prêt, la venue présidentielle couronnant une semée d'embûches (lieux difficiles, flot touristique ininterrompu, commissions de sécurité tardives, etc.) lancée sous les pieds de la petite équipe d'une Mission 2000 devenue