Budapest, de notre correspondante.
De la fenêtre qui offre une vue imprenable sur l'Opéra de Budapest, un flot de soleil inonde l'appartement d'Ivan Fischer. Beaucoup de livres, quelques meubles et un Steinway sur lequel il égrène une mélodie de Lohengrin, l'une de ses oeuvres préférées. Le chef d'orchestre hongrois souhaite la produire à l'Opéra de Lyon, dont il prendra la direction artistique à la fin de l'été. «Je voudrais monter Wagner, mais aussi des oeuvres de Rossini ou de Strauss, qui mettent en valeur les solistes.» Aucune garantie. Tout en s'installant en France, Fischer pensait continuer à diriger le prestigieux orchestre du festival de Budapest qu'il fonda en 1983, avec le pianiste Zoltan Kocsis et le compositeur Péter Eötvös. Rompant avec la grisaille communiste, Ivan Fischer débaucha les meilleurs musiciens des formations d'Etat et créa un ensemble d'une qualité inégalée en Hongrie. Mais aujourd'hui, le musicien a décrété une grève de la baguette. En conflit avec la capitale hongroise qui a tant réduit ses subventions que l'orchestre est menacé de disparaître, Fischer a décidé de ne plus apparaître dans son pays, ne maintenant que ses engagements internationaux. «Cet été, nous partons au Japon et au d'Edimbourg avant d'ouvrir le festival de Pékin. Ensuite, l'incertitude financière est telle que nous ne pouvons rien planifier.»
En 1992, l'orchestre du festival de Budapest est devenu une structure permanente, financée par la Ville et par le mécénat d'entreprise. A