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Libération
Critique

Théâtre. Bachmann clôture des Rencontres internationales de Dijon menacées. Un «Songe» de sang désenchanté.

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publié le 31 mai 2000 à 0h43

Dijon, envoyée spéciale.

Terrain idéal pour jeunes acteurs, le Songe d'une nuit d'été, avec ses elfes virevoltants et ses amoureux candides, constitue un passage obligé dans un parcours de metteur en scène, dont la Tempête serait le point d'orgue. La version désenchantée (au sens premier du terme) de Stephan Bachmann n'a rien d'un divertissement éthéré: en allemand et au pas de charge, elle a réveillé les XIes ­ et peut-être dernières, lire ci-dessous ­ Rencontres internationales de théâtre de Dijon, le week-end dernier.

Plateau poisseux. Ne subsiste pour toute féerie qu'une vieille bassine à linge remplie de pétales de rose, aux bras d'une elfe mémère portée sur la bouteille. Thésée, roi des humains, et Obéron, maître des esprits, sont joués par le même acteur (Thomas Reisinger), comme Hippolyta et Titania (Susanne-Marie Wrage), renforçant encore l'effet de miroir de la pièce. On est plus que jamais dans la comédie, mais l'ironie pointe ici les cruautés du texte. Les personnages ont pris de l'âge et du ventre, et le siège de leurs sentiments se situerait plutôt en dessous de la ceinture. La forêt des illusions a laissé place à un mur de bois brut où les personnages se tapent la tête. L'égarement amoureux est une question de vie ou de mort: Lysandre écrit «Liebe» (amour) en lettres de sang ­ qui coule d'ailleurs beaucoup dans la deuxième partie. Les robes de mariée en sont toute tachées, et le plateau poisseux à se casser la figure. La tête d'âne n'est pas un masque, mais un s