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Libération
Critique

Une comédie urbaine sur la drogue réalisée avec trois bouts de ficelle. «Bobby» boit la tasse à New York. Bobby G. Can't Swim de John-Luke Montias, avec John-Luke Montias, Susan Mitchell, Vincent Vega"" 1 h 25.

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publié le 31 mai 2000 à 0h43

C'est quelque chose que la critique de cinéma commence par savoir,

par habitude ou par lassitude: les grandes villes ont fini par être plus fortes que les scénarios. Elles savent imposer leur loi. Un premier film, un film de bleu comme Bobby G. Can't Swim, passablement indépendant, tourné fissa en dix-huit jours avec trois bouts de ficelle («Le financement provient essentiellement des clients du bar où je travaillais», bien sûr!), ne peut rien contre New York. Son tracé est déjà défini, le ver est bien ancré dans le fruit: New York, Blanche-Neige, ne se laisse déshabiller par ses jeunes coqs que pour faire parler la poudre ou la sniffer. John-Luke Montias-la-démerde, débarqué d'on ne sait où avec ses métaphores de cinéaste déguisé en revendeur à la petite semaine (son credo: «Dans ce milieu, mieux vaut savoir nager»), est à la fois scénariste, réalisateur et acteur omniprésent de cette comédie de la came en milieu urbain. Il passe une heure trente à suer sous les bras pour essayer de tirer quelque chose de l'impasse de film new-yorkais prévisible dans laquelle il s'est innocemment fourré. La maison Montias ne reculant devant aucun effort, il s'improvise joueur de base-ball de rue avec des jeunes, tape le carton avec des momies alcooliques, siffle des radasses portoricaines de 15 berges, joue les cannes blanches pour son pote aveugle, revend deux doses à prix d'ami, héberge Lucy la pute au grand coeur qui pleure sa maman. Bref, il faudra être très patient ­ ou avoir très peur