Seul chanteur reconnu comme précurseur par les pionniers du raï (qui atteignent maintenant la quarantaine), Blaoui Houari, 74 ans, est le parrain de la seconde édition du festival Oran Zénith, où se produiront notamment Cheb Abdou, Houari «Dauphin» ou Mazouzi. Partagé entre bédouinisme, mambo et variété, son dernier chant en France remonte à un Olympia, en 1954.
Blaoui Houari a d'abord grandi avec Maurice Chevalier, Edith Piaf ou Joséphine Baker, fredonnant aussi les étoiles égyptiennes, Oum Kalsoum et Mohamed Abdelwhab. Dès le début des années 40, les villes et gros bourgs de l'Oranie voient fleurir les orchestres de musiques occidentales, influencés par les disques qu'apportent les soldats américains débarquant dès novembre 1942. Quand Louis Amstrong passe à Oran en 1948, le métissage est définitivement lancé. Les ensembles indigènes se développent dans les années 50 et Blaoui Houari met en musique moderne plusieurs poèmes des maîtres du style bédouin, comme ceux de son oncle Cheikh Hachemi Bensmir (1877-1938), surnommé «Taïr Labiadh» (l'Oiseau blanc). Dont ces fameux vers de Biya daq mor (l'Angoisse s'est emparée de moi), racontant la déportation des bandits d'honneur résistant à la colonisation: «É Ils sont emprisonnés sur une île au milieu de l'Océan (Nouvelle-Calédonie)/ Sur eux, la porte s'est refermée et les chaînes les tiennent fermement (É)». Blaoui signe en 1957 un autre succès, avec un texte de Benyekhlef Boutaleb (1883-1957), Rani Mhayar (Je suis tourmenté), sur