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Libération

Jeunes et experimentaux

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publié le 14 juin 2000 à 2h11

Paris, quartier de la République: au fond d'une cour, un garage reconverti en atelier de cinéma clandestin. Des tables de montage, des tireuses optiques, des projecteurs, du matériel son, chiné à droite à gauche et par des voies pas toujours absolument licites. Créée il y a trois ans, l'association Etna, ex-Cinéma visuel, ex-Braquage, regroupe une kyrielle de fondus du cinéma expérimental qui, conscients que les circuits classiques de l'aide à la création (type Centre national du cinéma) ne pouvaient rien pour eux (il faut déposer un scénario, ils n'en écrivent pas), ont décidé de se structurer et de s'entraider.

Foisonnement. La dimension contre-culturelle ou marginale de la production expérimentale, le côté société secrète, fonctionne à plein dans ce lieu où il faut clouer un grand tissu noir aux fenêtres pour projeter en super-8, en 16 mm ou vidéo, des films stroboscopiques, convulsifs, traversés de scories et d'accidents comme le cinéma mainstream en charrie peu. Les gens qui s'activent ici entre ateliers de prises de vues, initiation aux techniques de développement et café soluble ont pour la plupart entre 20 et 30 ans, ils participent de cette nouvelle cinéphilie qui embrasse et comprend l'intégralité des images, mêlant les auteurs classiques, l'underground, le cinéma bis (gore, navet, X…), le clip, les jeux vidéo… Placée sous le haut patronage exalté du lettriste Maurice Lemaître, Etna est bien représentative de l'éclatement des cadres et des formats de création cinéma