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Libération
Interview

Stockhausen fait décoller Sonar.

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publié le 14 juin 2000 à 2h12

Karlheinz Stockhausen

«Hymnen», ce soir au Tivoli de Barcelone.

Prophète d'un monde éclaté en micro-chantiers de survivances ethno-culturelles, et d'un marché «ouvert» où circulent tous les signes, Karlheinz Stockhausen, qui fascina l'avant-garde rock des années 70 (Zappa, Kraftwerk, Can), est désormais cité comme une référence par les plus intéressants bricoleurs électroniques d'aujourd'hui. D'un passé dramatique ­ père instituteur mort au front, mère exécutée comme aliénée mentale par les nazis ­, le natif de Mödrath (près de Cologne) fera, comme Boulez et Ligeti à Darmstadt, table rase.

Sérialiste intégral, élève de Messiaen dont l'étude pour piano intitulée Mode de valeurs et d'intensité explore l'univers sonore en termes nouveaux de timbres, durées, hauteurs, et plans d'interférence, Stockhausen participe aux recherches de Pierre Schaeffer dont il fréquente le studio, et invente en 1954 la musique aléatoire avec Klavierstück XI, dont la partition ressemble à un parcours fléché guidant l'exécutant dans le choix des «cellules» et des «formants»… De Gruppen pour trois orchestres à Licht, opéra de trente-cinq heures étendu aux sept jours de la semaine, le projet cosmique de Stockhausen se révèle: traduire la vie «physique», ce mouvement d'«ouverture de notre conscience à l'univers» dont participe «la découverte de nouvelles galaxies ou de nouveaux mouvements d'étoiles par Hubble». Webern et Mondrian lui ont donné dans les années 60 l'idée d'une musique abstraite qui ne contien