Les nuages sont accrochés aux reliefs du Semnoz, des alpages qui s'étendent au-dessus du lac d'Annecy. Semnoz veut dire saumon; en fait, le site ressemble plus à une énorme baleine échouée aux pieds des Alpes, sur le dos de laquelle serait tracée l'autoroute des vacances, avec ses personnages traditionnels: randonneurs, vététistes, skieurs à roulettes. Des silhouettes moins identifiables surgissent parfois de la brume, de cratères naturels. Ce sont des danseurs, musiciens, plasticiens, réunis par le chorégraphe Boris Charmatz pour la première édition d'"Ouvrée-artistes en alpage" organisée par la scène nationale d'Annecy. Il s'agit pour la grosse maison haute-savoyarde de mettre son public au vert, de le sortir de ses habitudes d'abonnés. Et pour le directeur, Salvador Garcia, d'assouplir la formule de la résidence (mise à disposition d'un lieu de travail pour les compagnies avec spectacles et actions de sensibilisation), de l'adapter au projet artistique.

Une semaine de répétitions. C'est donc là-haut, dans le grand théâtre de la nature, que l'urbaine bande de Boris répète; une première expérience pour la plupart des participants qui ont une semaine pour trouver (ou non) leur place dans les alpages. Depuis le début de la semaine, ils travaillent dans le brouillard; ce qui crée une atmosphère ouatée. Jennifer Lacey, danseuse et chorégraphe plus bourlingueuse qu'Américaine, a du mal à trouver une relation avec l'environnement et ne voit pas encore ce que sera sa proposition po