Venise envoyé spécial
"Moins d'esthétique, plus d'éthique": le thème-manifeste de la 7e Biennale d'architecture de Venise sonne comme une provocation pour une profession qui, coincée entre l'art et la technique, a pour habitude de se noyer dans des crises identitaires absconses pour le grand public. Il a été choisi par l'architecte Massimiliano Fuksas, le commissaire de l'exposition. Pour cet Italien d'origine lituanienne né en 1944, l'architecture doit désormais se préoccuper moins des formes que du fonctionnement de la ville, aujourd'hui en explosion. Le thème de l'exposition est, en anglais, "Less aesthetics, more ethics". Pourquoi moins d'esthétique?
Quand on considère les problèmes liés à l'environnement, à savoir la dimension des villes, l'esthétique n'est pas en question. A Pékin par exemple, l'eau potable n'est disponible que 3 jours sur 7. Nous sommes des architectes, nous continuons à faire de l'architecture, et parfois de la belle architecture; mais nous allons aussi reprendre le travail sur la ville, en acceptant une complexité que nous ne connaissions pas avant: 47% de la population mondiale vivent dans des villes. Les gens ont inventé une vraie culture urbaine, pas celle des petites villes italiennes; une culture urbaine dimensionnée par des structures complètement différentes.. Et puis le mot less va bien à l'architecture.
On assiste donc à un changement d'échelle. Quelles en sont les conséquences pour l'architecture?
Lorsqu'on passe de quelques centaines de milli