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Libération

Barcelone au sommet de Sonar

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publié le 19 juin 2000 à 1h36

Barcelone envoyé spécial

Sur la scène du théâtre Tivoli de Barcelone, Herr Doktor Stockhausen, sévère comme le doyen de la faculté de droit, se donne la peine de nous avertir: "C'est de la musique électronique, il n'y a rien à voir. Je suggère que vous fermiez les yeux." Deux heures durant, Hymnen "donne le sentiment de voler au-dessus de la planète" (lire Libération du 14 juin). Mais l'on perçoit surtout l'écho d'un monde qui se déchire. Bribes d'hymnes nationaux, interférences radio, quelques mots qui voyagent dans un espace quadriphonique dessiné par une batterie de haut-parleurs: "Rien ne va plus." Comment ne pas être frappé par le pessimisme de cette oeuvre de la fin des années 60. Ces Souvenirs flottants de l'humanité étaient une parfaite introduction à l'édition 2000 du Sonar, manifestation qui semblait placée tout entière sous le signe de la radicalité et de l'étrangeté.

Le festival techno catalan, habitué à faire le grand écart entre le laboratoire et le dancefloor, était cette année particulièrement schizophrène. D'un côté, la brutalité du Japonais Merzbow, certainement l'un des terroristes sonores les plus violents en activité, de l'autre l'hédonisme tech-house d'un Stephan Grieder, l'un des plus beaux mixes de cette saison avec celui de l'équipe Nuphonic. Aucun festival en Europe ne se permet cela. Mais ici, sous le soleil (de plomb), tout semble naturel. On ne s'étonne même plus de croiser la silhouette travestie de Genesis P. Orridge, ex-leader de Throbbing Grist