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Libération
Critique

Dupain, tranches de vie ouvrière

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publié le 20 juin 2000 à 1h39

Pour écrire les textes de l'Usina, premier album de Dupain, Samuel Karpienia est revenu habiter à Port-le-Bouc, ville ouvrière située près de Marseille. C'est là que le chanteur occitan a grandi, là que ce descendant de Polonais a travaillé, comme son père, dans l'usine sidérurgique de la Sollac. "Les manifestations, les banderoles, les vacances en comité d'entreprise, tout, dans mon histoire, est lié à l'usine." 29 ans, physique rassurant, Samuel Karpienia raconte: "Il y a dix ans, alors qu'explosait la world music, je me suis demandé quelle était ma culture. Au lieu de jouer du djembé et d'imiter un griot africain, je me suis penché sur le destin de la culture occitane du XIIe siècle à nos jours. J'habite un pays où, depuis des siècles, une langue est interdite. C'est une tradition qui disparaît."

Du jour au lendemain, celui qui se destinait au métier d'animateur social apprend l'occitan avec une voisine. Le chant vient avec. En 1996, il délaisse la guitare et fonde avec Manu Théron le trio de "polyphonies marseillaises" Gacha Empega. Un album sur le label local l'Empreinte digitale, et trois ans plus tard, pendant lesquels il s'est vu traiter de "passéiste", Karpienia quitte la formation pour plus expérimental.

"Nu face au public". Vient la rencontre avec Pierre-Laurent Bertolino, dit Pierlo: à 28 ans, barbe, cheveux longs clairsemés, le vielleux entretient l'image du barde régionaliste à chemise sans col rayée. Ensemble, ils s'imprègnent de la musique répétitive de Steve R