"La culture doit être nettoyée de l'art comme notre peuple doit être nettoyé de tout ce qui n'est pas notre peuple. Notre culture doit être nettoyée de tout ce qui n'est pas notre culture." La rhétorique est empruntée à Jörg Haider, mais c'est Maurice Benichou qui parle. Sourcils interloqués et débit rapide, l'acteur n'interprète pas. Entré comme par effraction dans l'espace du théâtre, jetant des regards en arrière, vers la porte d'où quelqu'un pourrait surgir, il a saisi des feuillets laissés sur une table et en lit des paragraphes, non pas à l'adresse d'un éventuel public, mais plutôt pour entendre ce que ses yeux ont peine à croire. "Mesdames et messieurs de la presse étrangère", l'expression se répète comme une scansion et donne son titre au texte que Gustav Ernst (traduit par Laurent Mulheisen) a écrit, à partir de différents discours de Jörg Haider, dans les semaines qui ont suivi la nomination des six ministres du FP÷ au gouvernement autrichien. Un spectacle présenté samedi dernier dans le cadre des Sixièmes Rencontres de la Cartoucherie, qui, cette année, ont choisi de consacrer une nuit à l'Autriche. C'est Heinz Schwartzinger, traducteur (notamment de Heiner Müller) impliqué dans le comité des Rencontres et autrichien lui-même, qui a conçu cette mise en scène où l'acteur ne fait surtout pas théâtre de la parole haineuse mais opère au contraire une mise à distance, le visage emprunt de désolation.
Samedi, cette proposition (reprise ce soir au Chaudron), trouvait un é