Rue Doudeauville, 8 h 30. Devant la boutique de pain auvergnat Manzagol, face au 36, un enfant suivant son père joue du pipeau. C'est un rêve de Fête de la musique, selon Maurice Fleuret. Un elfe urbain à flûte bucolique au bec. Remontant le trottoir d'un pas gracieux, dos à Château-Rouge et au noble Chevalier-de-la-Barre, ce petit Pan siffle sa chanson en marche, improvisant nez en l'air, l'inspiration légère comme une brise sur l'aube asphyxiante. "Ne traîne pas", lui dit-on. Passé la sombre rue Stephenson, père et enfant s'éloignent en laissant derrière eux comme un effluve d'insouciance flûtée.
Montreuil, 19 h 30. Les spectateurs sont présents, ce sont les musiciens qui manquent. On a beau tendre l'oreille, à Croix-de-Chavaux place Jacques-Duclos, à Robespierre place de la République ou de la Fraternité, pas le moindre son de guitare ou de bombarde. Rien. Même pas rue Bara, où des blacks se livrent à un marché ouvert dans une cour intérieure. Seule une télé allumée trône en plein milieu. Ce soir c'est France-Pays-Bas. Et dans les bars, il y a foule pour commenter le foot. A l'East Side Café, à deux pas du conservatoire, qui donne en concert gratuit la Traviata, une soirée "Jam Session" était prévue. Mais à 20 heures, il n'y avait qu'un couple attablé pour acclamer les trois musiciens. Ici, les artistes sont présents, c'est le public qui manque. Mais où donc se passe la Fête de la musique à Montreuil? Place de la Mairie évidemment. Avant d'accueillir le maire, Thierry, Lar