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Libération
Critique

Cool et concept

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publié le 28 juin 2000 à 1h50

Détenteur d'un "prix spécial police" décerné par le commissariat du coin lors du dernier festival de Cognac, Gansta Cop exploite le ressort toujours stressant de l'infiltré en milieu à hauts risques, le suspens de l'undercover. Un jeune détective black, Jeff Cole (Omar Epps) pénètre la mafia de Cincinnati qui tient la ville par ses méthodes ultraviolentes et l'argent coulant à flots du commerce de la drogue. Un gang règne sans partage sur ces lieux de grisaille et de pluie, un gros bras psychopathe dirigeant ses troupes à coups de poings ou de queue de billard dans l'oignon, et se fait modestement appeler "God". C'est le rappeur star au visage poupin et décidément très bon acteur, LL Cool J, qui tient ce rôle de salaud que le film accable mais parvient aussi, plus curieusement, à humaniser et complexifier. Gangsta Cop fait d'ailleurs de louables efforts pour ne pas sombrer dans les habituels clichés sur le banditisme black des ghettos et la soi-disant droiture inébranlable des keufs.

Tout le scénario est construit sur la mince frontière qui sépare l'espace de la loi de celui de sa violation en montrant comment le brave Jeff Cole se met à croire un peu trop à son personnage de couverture et devient, sans même s'en rendre compte, un des plus sûrs rivaux de God dont il est devenu, par force, le bras droit et l'ami. Le face-à-face du flic et de la crapule, le tourment intérieur de l'un et la séduction scabreuse de l'autre, permettent au film de crédibiliser les situations et de l