En ce début de millénaire resurgissent en vrac tous les signes extérieurs du vieillissement, de l'usure, du temps qui passe. Assisterions-nous, par un jeu de rétro accéléré, au retour du grunge? Pas vraiment, car aujourd'hui le trash n'est pas synonyme de pauvreté, de négligé, ni même de rébellion, il s'agit plutôt d'effets purement ornementaux, ajoutés comme un supplément d'âme à un prêt-à-porter de luxe qui se prendrait à rêver d'originalité et de rareté.
Couture décousue
Présentés dans le calendrier de la haute couture, les SDF de luxe de John Galliano pour Dior ont fait couler beaucoup d'encre. La pauvreté luxueuse deviendrait-elle un genre à la mode? Chez Balmain, Gilles Dufour propose des jupes en vachette tachetées de peinture. La richesse déguisée, c'est aussi le credo de l'Anversois Jurgi Persoons. Méticuleux, il construit d'impeccables manteaux trois-quarts au revers de col élimé, des petits pulls au crochet irrégulier, comme filés. Il suture ses robes de cocktail de petits points effilochés. "Ce ne sont ni des détails trash, ni des effets décoratifs, explique-t-il, ces éléments ont une fonction dans la construction de mes vêtements, si on enlève les surpiqûres de mes vestes, elles se démontent. Mon désir est plutôt de revenir aux tenues candides. Le non-ourlet n'est pas un ourlet effrangé par mes soins, il s'effiloche avec le temps. Ce vêtement a une valeur sentimentale. Voilà pourquoi j'utilise des tissus classiques, plutôt haut de gamme. Des matériaux qui rappelle