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Libération
Critique

Les néants de ""la Ville""

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publié le 8 juillet 2000 à 2h56

A défaut d'être enviée (il faut croire que personne, ici-bas, n'envie d'être un cinéaste arabe), la situation de Yousry Nasrallah est unique dans le cinéma du Moyen-Orient : six années et deux films - l'admirable Mercedes et un documentaire pasolinien (A propos des garçons des filles et du voile) - ont suffi à l'imposer comme le fils spirituel de Youssef Chahine. De la nouvelle génération, il est sans doute celui qui a la plus grande capacité à passer les frontières trop souvent imperméables de la distribution occidentale. Son influence sur des auteurs plus jeunes est certaine - son travail a pu pousser un surdoué comme le vidéaste libanais Hakram Zatary vers une franchise plus grande dans son style.

Car Nasrallah est certainement celui qui sait mieux que quiconque installer deux corps dans un plan, en se jouant des vides et des distances. La sensualité de son cinéma est telle qu'on croirait qu'il filme chaque image comme s'il s'agissait d'une étreinte, une caresse dont il s'ingénierait à retarder la venue en creusant, raccord après raccord, un espace infini entre les tissus de la peau. L'an dernier, il gagnait son passeport pour la France en réalisant la Ville pour l'unité fiction d'Arte, écrivant le film avec le concours de Claire Denis et le tournant en partie dans le quartier de Belleville. Comme par hasard, c'est celui de ses films qui en Egypte trimballe une injuste réputation de casserole oxydée. Youssef Chahine ne fut pas le dernier à récuser cette fuite du plus beau