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Libération
Critique

Cosy fan tutte

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publié le 11 juillet 2000 à 3h01

Les premières étoiles s'allument au-dessus du vaisseau de teck de l'Archevêché. René Jacobs, contre-ténor flamand, artisan majeur de la révolution musicologique baroque, dirige pour cette nouvelle production du festival d'Aix, son Concerto Köln. Il y a deux ans, son enregistrement de Cosi fan tutte avec cette même formation (Harmonia Mundi) approchait un idéal de théâtre musical qui évitait le recours aux "grandes" voix. Jacobs allait-il rééditer le choc de son Orfeo inaugurant l'ère Lissner il y a trois ans, sur cette scène où se sont illustrées les plus fantastiques mozartiennes de la légende? C'est le jeune Chen Shi-Zheng, metteur en scène du Pavillon aux pivoines, qui a été choisi pour animer le conte moral de Mozart et Da Ponte. N'en déplaise aux siffleurs -(il serait temps de faire son deuil de Strehler -), Chen Shi-Zheng connaît et aime le spectacle.

Sur fond de ciel passant par toutes les nuances du fuchsia, de l'abricot et du cobalt, un tronc d'arbre bleu roi traverse la scène comme une arche naturelle. Du gazon aux petits ponts de bois rouge surplombant des bassins étoilés de lotus et de petits bateaux en papier, le tendre chromo organisé par le décorateur Peter Pabst et le maître des lumières André Diot pourrait faire sourire; il fait pénétrer d'emblée dans l'univers de l'exquis.

Attablé à une terrasse de café napolitaine, Don Alfonso choque les deux officiers Guglielmo et Ferrando en leur disant que les femmes sont toutes des salopes, sens littéral de Cosi fan tutt