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Libération
Critique

Arles tambours battants

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publié le 15 juillet 2000 à 2h17

Les Suds à Arles

Jusqu'à dimanche.

Rens.: 04 90 18 41 20

Ils ont tout eu : la délégation venue accueillir les «cousins de Madrid», la conférence de presse, le soutien rythmique de trois mille palmas, les batucadas de talons

sur les gradins du Théâtre antique... Ketama, groupe emblématique du «flamenco-rock» espagnol (un million d'albums vendus), était l'événement le plus attendu du festival «Suds» en Arles ­ tout au moins par la communauté gitane, accourue de toute la région. Peu connus en France (sinon pour leur album de fusion avec le Malien Toumani Diabaté, Songhaï), Ketama joue un flamenco tellement commercial et bien huilé qu'on dirait du zouk ­ le grand méchant zouk des Kassav ou des Sakiyo. En Arles, bien que les amateurs de flamenco pur et dur aient quitté les gradins sur la pointe des pieds, les familles avaient décidé de faire la fête jusqu'au bout, plébiscitant la reconnaissance accordée, à travers un groupe, à la communauté. Classique.

Intellect. Tout autre est la démarche des formations de tambours, qui en sont venues à symboliser, pour beaucoup d'Occidentaux, la libération de pulsions physiques. Mercredi, le trio Chemirani, un percussionniste iranien et ses deux fils, a démontré qu'avec des mains nues et une peau de chèvre on peut échafauder une mathématique aussi sophistiquée que la plus savante des musiques de chambre. L'esprit est ébloui par les rythmes à cinq temps, les roulements de doigts si rapides qu'ils semblent faire une note continue, la variété des sons