Pékin intérim
Deux mois après avoir obtenu le Grand Prix du jury à Cannes, le réalisateur de Guizi lai le (les Démons) est toujours aux prises avec la censure à Pékin. Rumeurs, documents officiels diffusés sur Internet, mutisme des organes de la censure, le film est au centre d'un imbroglio administratif et politique. «Je suis en plein film de Hitchcock», soupire Jiang Wen, superstar en Chine pour ses rôles dans Vivre et le Sorgho rouge de Zhang Yimou.
Pressions. Le réalisateur n'a jamais été notifié personnellement des griefs de la censure, alors qu'un document très précis circule sur Internet. Selon certaines informations dans le monde du cinéma chinois, le tout-puissant Bureau du cinéma envisage d'interdire le réalisateur de travailler ou d'apparaître à la télévision pendant sept ans. Cette sanction avait déjà été infligée à Tian Zhuangzhuang pour sa fresque le Cerf-volant bleu, au milieu des années 90. «Les officiels ont refusé de me rencontrer pendant un mois après mon retour en Chine. Ils m'ont enfin dit, lundi, qu'ils voulaient récupérer la copie originale, avant de discuter toute autre chose», explique le réalisateur, qui a finalement rencontré les censeurs en début de semaine, après un mois de démarches incessantes.
La société de production associée au film a également subi des pressions: Asian Union Film rencontre des difficultés pour distribuer le dernier Ang Lee, Crouching Tiger, Hidden Dragon, dont elle a acheté les droits pour la Chine.
Guizi lai le, tragi-comédie