Londres envoyée spéciale
C'est le monde à l'envers: les Japonais jouent du reggae et les Aborigènes d'Australie chantent la country en santiags. Cette année encore, la planète musicale s'est mise sans dessus dessous au Womad, festival créé il y a onze ans par Peter Gabriel, grand gourou de la world music. Le troisième week-end de juillet, 25 000 Anglais abandonnent leur costume de la City pour venir «s'en-gueniller» en famille. Le complexe sportif du Rivermeade de Reading, dans la banlieue de Londres, se transforme en Millau interplanétaire, où il est de bon goût de jeter ses déchets dans des poubelles écologiques, de se faire tatouer le logo d'Amnesty International sur l'épaule et de signer la pétition pour l'abandon de la dette des pays africains.
Usant de la même recette depuis les premiers jours, le directeur artistique Thomas Brooman a programmé une centaine d'artistes en provenance de trente pays. La majorité des noms ne disent rien, si ce n'est les traditionnelles têtes d'affiche: Youssou N'Dour, Papa Wemba, Maceo Parker ou Suzanne Vega. La disposition des quatre scènes sous des tentes plus ou moins grandes permet d'aller picorer à cette grande table planétaire. Les artistes africains (Farafina, Rokia Traoré, Papa Wemba) ont une nouvelle fois remporté les suffrages du public anglais, même si celui-ci s'est surpris en train de danser sur le reggae des Japonais de Dry & Heavy, ou s'est laissé émouvoir par les Napolitains Spaccanapoli et le crooner aborigène Jimmy Little.
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