Lorenzaccio
de Musset, m.s. de Jean-Pierre Vincent, cour d'honneur du palais des Papes, 22h, jusqu'au 30 juillet. Durée: 3h50 avec entracte.
Longtemps Lorenzaccio, avec ses cinq actes interminables, ses incessants changements de décors et ses tablées de personnages comme à l'opéra, fut considéré comme injouable. Musset lui-même n'y croyait pas, qui l'écrivit plutôt comme un défi aux règles de la représentation. Quarante ans après, en 1874, son frère Paul de Musset, s'escrimait toujours pour essayer de donner chair à une pièce «qui doit être dans les cartons de la Comédie-Française» (1). C'est le XXe siècle qui assura à Lorenzaccio son destin scénique et la mise en scène de Jean Vilar qui lui sculpta un visage quasi éternel, en lui donnant les traits de Gérard Philipe, archétype du héros romantique, incarnation, avec ses bagues, ses colliers et son pourpoint Renaissance du «soleil noir de la mélancolie» que chantait Nerval.
Lourd passé. Mettre en scène Lorenzaccio dans la cour d'honneur du palais des Papes, quarante-huit ans après la première du 15 juillet 1952, implique donc d'affronter un passé particulièrement chargé. Par précaution autant que par commodité, Jean-Pierre Vincent a choisi de présenter son spectacle en avant-première la semaine dernière à Marseille. Si les arcades de la cour de la Vieille-Charité constituent un décor monumental, elles ne sont en rien comparables aux murailles du palais des Papes, où Lorenzaccio est donné à partir de ce soir. On ne saurait donc p