Un fracas fait lever le rideau. Une jolie blonde en jupette apparaît, les programmes à la main, en qui on reconnaît la jeune femme qui, l'instant d'avant, déchirait les billets à l'entrée. Sa prestation dansée ne dure pas longtemps: la musique n'est pas la bonne, se plaint-elle à son comparse, avec qui s'engage une dispute. Le technicien est pris à partie par le chef de troupe, «on se connaît depuis longtemps, c'est moi qui t'ai aidé à décrocher ce job», etc., baragouine-t-il entre gros clins d'oeil et anglais sommaire. Jusqu'à ce qu'une autre danseuse déclare, excédée, que c'est son premier spectacle et qu'elle aimerait bien, si possible, enfin commencer. Donc re-musique sur le mauvais magnéto, tous en piste pour trois pas et deux ports de bras et rebelote pour les problèmes...
Derrière la farce. Aria Spinta (chant exagéré), de la compagnie tchèque Déjà Donné, est un spectacle burlesque, plus théâtral que chorégraphique, sur l'impossibilité de faire un spectacle. Un poncif du genre si, derrière la farce, ne se dessinait un sujet plus douloureux: l'énorme difficulté pour les compagnies de mener un travail de création contemporaine en dehors des grands ballets fonctionnarisés. Le problème en République tchèque comme dans le reste des anciens pays de l'Est est d'ordre économique, mais aussi artistique.
Parmi les jeunes chorégraphes, Lenka Flory est sans doute la seule à tourner à l'étranger; elle a d'ailleurs longtemps dansé dans la compagnie flamande de Wim Wandekeybus, ava