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Libération
Critique

Puzzle poétique au cloître enchanteur.

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Trois voix pour une belle exploration de la poésie du XXe siècle.
publié le 29 juillet 2000 à 2h39

Le récital de poésie n'est a priori pas un genre très propice au théâtre. Toute tentative de plaquer une dramaturgie sur la diction d'un poème menace de tourner au fiasco, à plus forte raison quand il s'agit d'un montage à partir de plusieurs dizaines d'auteurs. Reste la solution minimale: des acteurs disant tout simplement les textes, mais même avec des interprètes de qualité, l'exercice rappelle les récitations d'école.

Jacques Nichet, qui a conçu La prochaine fois que je viendrai au monde comme une petite anthologie de poèmes du XXe siècle n'en a que plus de mérite. Il est c'est vrai aidé par le décor du Cloître des Carmes, l'un des lieux les plus enchantés d'Avignon, où le verbe trouve naturellement sa place.

Bel émoi. La scénographie conçue par Philippe Marioge ne gâche rien. Dix-sept lits sont disséminés sur le vaste plateau transformé en dortoir d'internat, et cette image évoque immédiatement le temps du plus bel émoi: «En ce temps là j'étais en mon adolescence/J'avais à peine seize ans et je ne me souvenais déjà plus de mon enfance/J'étais à seize mille lieues du lieu de ma naissance/J'étais à Moscou, dans la ville des mille et trois clochers et des sept gares». L'extrait de la Prose du Transsibérien de Cendrars confirme cette volonté de rappeler que tout commence là, dans le désir de grande évasion.

Les textes retenus par Nichet sont loin d'être tous aussi connus. On peut jouer à appareiller des poèmes et des noms, reconnaître ainsi Desnos («J'ai tant rêvé de toi que t