Le coup de l'artiste méconnu tiré de l'oubli grâce à une exposition a déjà beaucoup servi, rarement à bon escient. La rétrospective consacrée à Sébastien Bourdon, peintre du XVIIe siècle auquel les manuels consacrent au mieux quelques lignes, est cependant l'exception qui confirme la règle. Elle poursuit le travail de redécouverte du XVIIe siècle français entamé il y a trente ans.
Sébastien Bourdon a souffert d'avoir été une figure originale de son époque, protestant ce qui ne l'a pas empêché d'accepter les commandes de l'Eglise catholique mal introduit, ou alors au mauvais moment, ayant beaucoup voyagé sans se fixer, un tempérament querelleur pour ne rien arranger. Pour comble de malheur, certaines de ses oeuvres majeures, quand elles n'ont pas disparu, arrivent en France pour la première fois. L'hôtel du financier Bretonvilliers, où il avait peint les plus belles galeries de la capitale, a été laissé à l'abandon avant d'être démoli dans les années 1840, sans même une reproduction. Ce succès avait conduit le roi à lui demander de décorer son appartement aux Tuileries de l'histoire d'Hercule, oeuvres incendiées lors de la Commune.
Victime de son talent. Cet artiste plein de fougue n'a-t-il pas aussi été victime de son talent? Dès l'âge de 20 ans, il était capable de présenter une peinture à la manière de Claude Lorrain, qui suscitait tant de louanges qu'il y avait de quoi froisser le maître. Bourdon fut catalogué comme un faiseur par André Félibien en 1688, 17 ans après sa