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Libération

La ballade des ours bien léchés.

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Depuis 25 ans, Richard Weize et son label Bear Family rééditent des artistes country et rockabilly.
publié le 1er août 2000 à 3h06

Il y a quelques années, Johnny Cash passe un coup de fil à un producteur important de Sony, sa maison de disques. Il est furieux. «Pourquoi est-ce que je n'ai pas un coffret dédié à mes chansons, dans le style de ceux de Bear Family? Pourquoi ne m'avez-vous jamais consacré un truc aussi beau, aussi complet? Je chante de la country depuis assez longtemps, non?» L'anecdote fait aujourd'hui encore rigoler Richard Weize. Avec sa salopette délavée et ses manières laconiques, il pourrait passer pour un fermier du Mississippi des années 30, en train de prendre le frais sur le porche de sa bicoque en bois. Patron du label Bear Family (1), connu des amateurs du monde entier pour ses merveilleux coffrets rockabilly et country, Weize est pourtant 100 % allemand. Miracle économique, esthétique et surtout musical, la réussite de cette petite marque de disques se mesure au tranquille 25e anniversaire célébré outre-Rhin en toute discrétion par un charmant CD, Bärenstark, même pas nostalgique (ce n'est pas le genre de la maison), qui réunit une trentaine de titres autour du mot bear, qui veut à la fois dire ours (Teddy Bear) et supporter. Même dans ce disque d'apparence anodine, deux ou trois petits chefs-d'oeuvre sont au rendez-vous, comme I Saw the Bear, ballade hypnotique d'un chanteur country-folk encore inconnu, James Talley.

Rééditions maniaques. Il y a trente-cinq ans, Richard Weize s'ennuyait en vendant du vin à Londres. Un jour, il tombe sur un panneau qui annonce le premier festiva