Love Will Tear us Apart de Yu Lik Wai, avec Tony Leung, Wong Ning, Lu LIping. 1 h 49.
Jeté en pâture dans le creuset aoûtien, Love Will Tear us Apart n'affichait pas grande cote: un peu ovni, coldwave, chinois, dépressif, parfois confus. Jusqu'à ce que l'été 2000, qui le voit ressurgir après sa discrète sélection cannoise de l'année passée, ne se mette à son tour à lui ressembler: sans excès caniculaire, mineur. Il serait donc à température, ce traité des amours maigres, cette tentation de faire de la paralysie un manifeste.
Chant de l'agonie. Calé entre deux néons d'un immeuble ravagé, c'est un idéogramme qui prévient: «Aimez votre pays. Aimez Hong-kong.» Le premier film de Yu Lik Wai est débiteur de cette ville comme de sa date butoir, le 1er juillet 1997, après quoi tout fut rétrocédé. La tristesse, le chant de l'agonie. On est rendus. «A bon port» croit la fille (Wong Ning, premier rôle, belle comme tout) qui pense quitter la Chine pop pour trouver le paradis capitaliste. Mais sitôt y fait la prostituée, sans autre voie de sortie. «A contrario, on serait plutôt rendu à la part pauvre et refusée de nous-même», déchantent en choeur trois immigrés chinois implantés de plus longue date : Lui qui tient un sex-shop plus pour longtemps, cet autre qui répare les ascenseurs de Hong-kong visiblement condamnés à faire du surplace; ou celle-là qui, autrefois, dansait avant que sa jambe perdue ne la retienne devant le robinet à films propagandistes. On retrouve, jusqu'au cliché, les