Dans la ville de Mozart et Karajan où, dès août 1920, des collégiens catholiques ont voulu perturber la première du Jedermann de Hofmannsthal, sous prétexte qu'elle représentait «l'élément juif» en voie de dominer la «Vienne rouge», le Festival de Salzbourg s'est ouvert le 24 juillet sans scandale. Peu mélomane selon une indiscrétion du directeur de l'Opéra de Vienne , Jörg Haider ne s'est pas déplacé pour la première des Troyens, le chancelier Wolfgang Schüssel ayant, lui, laissé sa place au président Thomas Klestil, hostile à la coalition avec le FP÷.
Consensus mou. En guise de déclarations fracassantes: l'allocution du chef de l'Etat autrichien rappelant en substance que l'Europe culturelle s'est faite dans un «dialogue avec l'autre», le secrétaire d'Etat à la Culture conservateur Franz Morak se moquant, lui, du monde, en rendant hommage à l'esprit «autocritique» des grands écrivains autrichiens du XXe siècle, comme Karl Kraus, Ingeborg Bachmann, Thomas Bernhard et Elfriede Jelinek.
C'est sans doute à ce «consensus mou» que n'a pas voulu participer le metteur en scène Patrice Chéreau, invité en tant que récitant à un concert Berlioz de l'Orchestre de Paris, et qui a été remplacé par Daniel Mesguich. Parmi les autres démissions, celle de Claudio Abbado à la direction de Tristan, mais pour protester contre la politique de rotation des musiciens au sein du Philharmonique de Vienne, qui ruine tout le travail de répétition. Il est remplacé par Lorin Maazel. Quant au ténor Ben