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Libération
Critique

Mots d'absence.

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A Locarno, le manque et le vide quatre fois filmés en vidéo.
publié le 9 août 2000 à 3h18

Locarno envoyé spécial

Le festival de Locarno a commencé par une absence: celle, brutale, de son nouveau directeur, Giuseppe Buffi, décédé quinze jours avant l'ouverture des festivités. «Ciao presidente», disent les panneaux de la ville. Et c'est aussi autour de l'idée de manque et de perte que les meilleurs films «fonctionnent». Ainsi, quatre films marquent la première semaine: deux français, un japonais et un allemand. Cette bande des quatre n'est composée que de vidéos. Le cinéma ne serait-il intéressant que quand il s'absente? La pellicule, sa première peau, a-t-elle perdu, et la vidéo, c'est à dire la carence (de grain, de netteté, de contours), a-t-elle gagné la partie?

L'impur. Cela fait dix ans que Jean-Daniel Pollet filme depuis chez lui. Un grave accident aux abords d'une voie ferrée l'a longtemps immobilisé, compliquant aujourd'hui encore ses déplacements. Il a envoyé à Locarno un film (vidéo) désabusé: Ceux d'en face. Il y a six ans, dans Dieu sait quoi, son précédent essai (une adaptation lumineuse de la poésie de Ponge), il filmait le splendide à portée de mains et de caméra. Il en va autrement avec Ceux d'en face, qui met le mal au centre de son propos. C'est la première fois, en quarante ans de cinéma (Méditerranée, l'Acrobate...) qu'un film de Pollet accepte de se frotter à l'impur. C'est à la fois une déception (le défi n'est qu'à moitié relevé) et un film complexe qui ne peut se contenter d'une lecture au premier degré.

Linda vient se réfugier chez un vieux p