Bordeaux envoyé spécial
C'est en 1997 que l'idée de l'exposition Présumés innocents voit le jour, organisée par Stéphanie Moisdon-Trembley et Marie-Laure Bernadac, au sein du musée d'Art moderne et contemporain, régi directement par la municipalité de Bordeaux. Rassemblant les travaux de 80 artistes, le montage du projet se déroule normalement jusqu'au milieu de l'année dernière. Première alerte: la mairie s'interroge sur le titre et tente de le reformuler, craignant une association d'idées avec les déboires judiciaires que le maire Alain Juppé rencontre à l'époque. Les commissaires refusent et la suggestion en reste là.
«Pédophilie». Mais la rumeur d'une «exposition difficile» venant du personnel du musée pousse les dirigeants locaux à se pencher sur l'accrochage. Deux mois avant le lancement, Alain Juppé demande à consulter le catalogue et décide de ne pas soutenir l'exposition, apparemment «choqué» par certaines photos «que l'on pourrait trouver dans des revues pédophiles». Il fait retirer son nom du carton d'invitation, suspend la campagne d'affichage ainsi que les annonces dans la revue municipale : «C'est une décision personnelle, explique-t-on du côté de la mairie. Alain Juppé a été heurté dans sa sensibilité devant certaines images. Il n'a pas voulu interdire la manifestation, mais a souhaité retirer son soutien.» Aux yeux de la population, «Présumés innocents» est néanmoins frappée d'une incohérence : que peut-il bien se passer dans cette exposition qui se déroule dan