Loretta Young, décédée d'un cancer samedi à Palm Springs, avait une certaine réputation à Hollywood. Elle et Rosalind Russell étaient surnommées les «Hollywood Nuns». Toujours fourrée avec des jésuites ou des cardinaux, elle avait, en 1972, attaqué NBC en justice pour avoir passé quelques-uns de ses films des années trente qui, disait-elle, «nuisaient à son image et à son émission de télévision» The Loretta Young Show, émission extraordinairement populaire et ennuyeuse qui tablait sur les «valeurs morales et familiales» qui avaient fait les beaux jours des années 50 et que la chaîne repassait à cette époque. NBC dut lui verser 559 000 dollars de dommages. Républicaine et catho, femme d'affaires hors pair, Loretta Young était néanmoins une drôle de catholique. De son propre aveu, elle s'est toujours sentie «susceptible aux hommes», tombant souvent amoureuse de ses partenaires. Croqueuse. Elle fit sensation quand, à 17 ans et déjà vedette chez Warner, elle s'enfuit à Yuma avec l'acteur Grant Withers; mariage annulé six mois après. Trois ans plus tard, sur le tournage de Ceux de la zone, l'admirable film de Borzage, elle fit beaucoup plus que vibrer avec Spencer Tracy en regardant les oiseaux par la lucarne sous la lentille rayonnante de Joseph August. Romance sans issue, l'un étant marié, et les deux catholiques pratiquants. Deux ans plus tard, le Call of the Wild (l'Appel de la forêt) était encore plus risqué. Cette fois c'était Clark Gable, et le film de William Wellman une
Loretta Young, sainte-nitouche.
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par Philippe Garnier
publié le 15 août 2000 à 3h26
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