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Libération

La griffe Locarno

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Le départ du directeur laisse l'avenir du festival dans le flou.
publié le 16 août 2000 à 3h26

Locarno (Suisse) envoyé spécial

Marco Müller quitte tête haute le Festival de Locarno qu'il dirige depuis neuf ans; lorgnant vers la production, expliquent les uns, en rogne contre les limites administratives du canton du Tessin, murmurent les autres. C'est l'annonce surprise qui a douché la Grande Place samedi, plongeant le festival dans l'incertitude quant à ses ambitions futures. On avait fini par confondre Locarno avec son directeur polyglotte. Sans doute parce que son programme relevait pour l'essentiel de ses choix cinéphiles et d'une louable stratégie des mélanges de genres. Ces dernières années, Müller avait réussi le plus dur: arracher des exclusivités (pris en sandwich entre Cannes et Venise), redonner une identité à Locarno, avec des rétrospectives passionnantes (celle, cette année, sur le cinéma soviétique a fait littéralement autorité). Il aura surtout aiguisé la curiosité d'un public nombreux et rajeuni, qui ne s'effraie plus la journée devant un film aux confins de l'expérimental, puisque le soir, à la fraîcheur de la Grande Place, il sait qu'il pourra digérer ses gnocchis devant une grosse machine plus commerciale.

Durées extravagantes. Pour l'heure, reste un palmarès en demi-teinte, avec un léopard d'or pour Baba, film chinois «surprise» de Wang Shuo, en bisbille avec la censure de son pays depuis quatre ans, très rageur sur le fond mais formellement un rien psychédélique; et un léopard d'argent pour Little Cheung, du Hongkongais Fruit Chan, un truc jeune trop