Yves Klein n'aimait pas l'argent, il préférait l'or. Pas pour des raisons sordides, le roi du monochrome n'avait rien d'un Dali Avida Dollar, même si ses frasques et sa manière de subvertir le monde de l'art le rapprochent à première vue de celui qui avait situé le centre du monde dans la gare de Perpignan. Yves Klein, lui, avait délimité l'objet de son travail sur un espace plus vaste. Extrait d'un catalogue d'une exposition américaine de 1961 : «En 1946, j'avais 18 ans. Ce jour-là, alors que j'étais allongé sur la plage de Nice, je me mis à éprouver de la haine pour les oiseaux qui volaient de-ci de-là dans mon beau ciel bleu sans nuage, parce qu'ils essayaient de faire des traces dans la plus belle et la plus grande de mes oeuvres.»
Piscine de pigments. Pourquoi cet attrait pour l'or ? Cette question trouve sa réponse ici, dans l'une des plus importantes expositions depuis la rétrospective organisée en 1983 à Beaubourg. Outre une abondante collection de monochromes, dont, pour donner le la, une impressionnante piscine (hélas sans plongeoir) de pigments d'International Klein Blue, sa marque et sa couleur déposées, on trouve une somme de documents, lettres, croquis, films et documents sonores dessinant le parcours de celui qui passa de la dorure au judo (ceinture noire, 4e dan), du judo aux couleurs, des couleurs à une seule, le bleu, puis du bleu au vide, qu'il sut transformer en or.
Voici comment : en novembre 1959, il expose à New York chez Leo Castelli ses Works in Three