Cracovie envoyé spécial
C'était il y a cent ans, à Bronowice, hameau à 7 km de Cracovie, une noce réchauffait la nuit de novembre 1900 dans la maison des Tetmayer. La veille, un jeune poète, Lucjan Rydel, fils du recteur de l'université de la ville, avait épousé Edwiga, une paysanne de Bronowice, à l'église Sainte-Marie, au centre de Cracovie. Le peintre et poète Stanislas Wyspianski était témoin du mariage et il vivait avec une paysanne, tout comme Tetmayer, chez qui la noce se passait. Elève à l'école des beaux-arts, ce dernier avait épousé une fille de Bronowice qui avait posé pour lui. Ce mariage entre artiste de la ville et campagnarde était, plus qu'une mode, un début de philosophie et une forme d'espérance dans la Pologne sous le joug austro-hongrois.
Debout, entre deux pièces («là», désigne aujourd'hui une dame Rydel, en faisant visiter les lieux), se tenait Wyspianski. «Il observait tout.» Il regardait ses amis, des connaissances : un poète séducteur, un paysan râleur, un journaliste un peu suffisant, l'hôte et son épouse, les jeunes mariés, le vieux juif propriétaire de l'auberge du coin et sa fille Rachel... Toute la nuit, ça dansa et ça parla. La pièce de Wyspianski, Wesele (Noce ou Noces selon les traductions), est née de cette nuit-là. Le soir de la première, l'année suivante, ceux qui avaient servi de modèles étaient dans la salle où la pièce fut créée, le théâtre municipal. Cent ans plus tard, dans ce même théâtre, dont Wyspianski avait rêvé être directeur, Jer