De son vrai nom Garzik Zouloumian, le peintre et graveur Jean Carzou est mort le samedi 12 août en Dordogne, à Périgueux, à l'âge de 93 ans. Au terme d'une longue et hyperactive trajectoire, largement médiatisée. Ceci quatorze ans après l'inauguration de son propre sanctuaire: le musée Carzou sis à Saint-Paul-de- Vence. Et comme on n'est jamais si bien servi que par soi-même, cette fondation abrite tout autant la peinture rêveuse, que les dessins aux moult lignes entrelacées, ou encore l'oeuvre lithographique de ce prolixe du crayon au «style» aussi reconnaissable par exemple, et dans un autre registre, plus varié, plus joyeux, plus mystique que celui, monotone, d'un Bernard Buffet, disparu à l'automne en laissant de marbre la critique qui l'avait lancé, mais regretté par «le large public» qui l'avait suivi.
Echafaudeur. De même le succès commercial et authentiquement populaire de Carzou ne s'est pas souvent démenti. Cet échafaudeur de perspectives ayant édulcoré les cauchemars de Dürer, assimilé les méthodes surréalistes ou les discours des architectes sur Palladio, connaissait toutes les ficelles de l'art des camaïeux, parfois jusqu'au douceâtre. L'illustrateur devint illustre assez vite et la profusion d'enchevêtrements crayonnés fit le reste.
L'artisan soigneux à l'univers peuplé de personnages vaporeux, de femmes sveltes et songeuses ou de statues en enfilade dans des jardins, Carzou, ce lecteur de contes et légendes conscient de son particularisme d'Oriental élevé en exi