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Libération
Critique

Un Japon furibond

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Vice et violence: à Paris, l'Etrange Festival consacre des rétrospectivesà Masumara et Miike.
publié le 23 août 2000 à 3h36

La grande affaire de la huitième édition de l'Etrange Festival pourrait bien être le duel (en quinze bobines et par rétrospectives interposées) que se livreront deux générations de cinéastes japonais: le sadique Yasuzo Masumura, génie cruel des sixties et le nouveau petit maître tendance, le complètement taré Takashi Miike. Corps lacérés, dorsaux tatoués, manières de sauvages. Qu'est-ce à dire?

Infâme Masumara. «J'ai ma petite idée sur ce qu'est l'homme, sur ce qu'est le cinéma. Vous ne comprendriez pas.» L'horreur de mec qui, en 1970, toisait ainsi les journalistes des Cahiers du cinéma s'appelle Yasuzo Masumura. Il est alors au faîte de son art, sortant d'une décennie de labeur où il réalisa près de quarante films pour sa compagnie-mère la Deie, dont le seul réellement connu en France est le chef d'oeuvre d'érotisme médical l'Ange rouge (1966). Dans son premier entretien publié en français (1), il alignait les perles: «Je déteste les gros plans... le visage d'un acteur ou d'une actrice, ce n'est pas une chose à montrer aux gens», «Le jeu des acteurs n'a aucun intérêt», «je n'ai pas des idées très saines», «Je me moque de m'affirmer», «le cinéma n'est qu'un moyen secondaire, inefficace et impuissant; on ne peut pas faire confiance à l'image». L'apothéose restant le passage réservé à Ayako Wakao, l'égérie de son cinéma, le personnage principal de dix-neuf de ses films: «C'est une femme très égoïste et calculatrice... une voiture sans moteur.» Toute la manière de Masumura est