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Libération
Critique

Vakhtangov, dans le texte

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Un livre reprend les écrits de cette figure du théâtre russe.
publié le 23 août 2000 à 3h36

Des émotions frémissantes. Rien que des amis. De la tendresse, de la délicatesse les uns envers les autres. De l'attention. Des êtres honnêtes et aimants. Qui ont le sens du sacré. Rien de vulgaire. Rien de dur. Et je veux être exact. Je veux être aimant. Je veux donner ce qui brûle au-dedans de moi. Je veux enflammer. Je veux qu'on m'entraîne moi aussi.» L'auteur de cette lettre va en entraîner plus d'un dans l'aventure, bientôt tangible, dont il rêve encore ce 8 mai 1912: l'ouverture d'un «studio» portant son nom, Evgueni Vakhtangov.

On connaît mal en France l'oeuvre de cet homme phare du théâtre russe des années dix et vingt, mort à 39 ans (d'un cancer) en 1922. Et pour cause. Le grand pédagogue, signataire de quelques mises en scène légendaires, n'a laissé aucun livre, tenu que très épisodiquement un journal durant sa courte vie. Mais l'éloignement (voyages, tournées, vacances et nombreux séjours à l'hôpital ou en sanatorium) l'a poussé à écrire. C'est un montage de ces textes épars, constitué à partir de trois éditions russes, qui paraît en français.

Discipline.Le 8 mai 1912, Vakhtangov est en tournée à Varsovie avec le Théâtre d'art de Constantin Stanislavski; il joue dans deux pièces, Hamlet et le Cadavre vivant, il n'a pas 30 ans et un vécu théâtral déjà considérable. Né dans le Caucase à Vladikavkaz, il s'est d'abord formé sur le tas au théâtre amateur et au théâtre universitaire; à la fois acteur, metteur en scène et homme à tout faire, dans son Caucase natal et à Mo