The Columbia Jazz Piano Moods, réédition de merveilles oubliées de Teddy Wilson ou d'Art Tatum, éclaire d'un jour nouveau le passage, plus abrupt qu'on le croit généralement, du 78 tours au microsillon.
En 1948, Columbia annonce qu'il va lancer 200 albums «longue durée», en même temps qu'un électrophone 33 tours bon marché, Philco. Scepticisme de l'industrie du disque. Musique classique, pour commencer, mais aussi quelque 25 cm de musique populaire (ce format était celui des premiers «disques longue durée», en fait des couplages de quatre 78 tours). Premier de ces 25 cm révolutionnaires: The Voice-Frank Sinatra, collection définitive de dix chansons devenues légendaires.
Selon George Avakian, producteur, en 1950, des sessions Jazz Piano Moods, destinées à populariser une sorte de cocktail-jazz intimiste, sans interruption entre les morceaux: «Columbia a été leader dans le passage du single de trois minutes à un "package concept", qui conduira directement, un demi-siècle plus tard, au CD avec plus d'une heure de musique.» Il faudra quelques années pour que le 33 tours se généralise. Les premiers albums étaient exclusivement classiques (RCA Victor Red Seal). Avec à l'occasion un best of de chants de Noël, plus rarement un 25 cm de Bing Crosby, mais c'était une exception. Avakian, producteur versatile et inventif, imagine, dès 1939, le 78 tours de jazz longue durée (Chicago Jazz, Decca). Quelques mois plus tard, il est le premier à rééditer des classiques de jazz introuvables. Ma