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Libération
Critique

«Une mise en scène du réel» se joue de nous

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publié le 24 août 2000 à 3h38

Qui sont-ils? A quoi joue-t-on? Comme dans ces salles de jeux vidéo qui égayent bruyamment les boulevards de nos villes, on voit sur un écran de bonne taille s'agiter à toute vitesse à travers un terrain noir une myriade de petits personnages dont on ne sait d'abord s'ils sont réels ou virtuels. Puis on change de plan et de vitesse. Ils sont vrais, filmés, ils jouent au ballon, selon des règles parfaitement strictes et complètement indécidables. Les participants à ce match sont neuf (soit deux équipes de quatre ou cinq personnes), tous vêtus du même survêtement rouge, celui (ou celle) à qui l'on passe la balle (rouge, elle aussi), à force de feintes et d'évitements de l'adversaire, se retourne (ou pas, ça dépend) contre son partenaire, qui devient à son tour adversaire, ainsi de suite et vice versa, ad libitum.

Toute déroutante qu'elle soit, cette installation vidéo de l'Israélien Uri Tzaig (Infinity, 1998) est sans doute la plus ludique (si l'on excepte le chat d'Alain Séchas jouant au basket sur une toile animée en tubes fluo), parmi celles que propose Une mise en scène du réel: artiste/acteur, exposition collective qui n'engendre pas la mélancolie, mais bien pire.

Cache-cache. Tout commence dans une salle blanche, labyrinthe monochrome de murs en parpaings inclinés à 70 degrés. On y entend les murmures d'une scène de séduction en anglais entre un homme et une femme, qui double la partie de cache-cache spatial d'un cache-cache oral, où chacun se garde bien de se dévoiler. Un