Tourné en 1984, distribué en France à la rentrée 1991, le Roi des roses ressort. De toutes façons, ce film de Werner Schroeter est assez indatable si ce n'est par les pantalons noirs, chemises blanches bouffantes et grandes mèches à la Duran-Duran de ses principaux protagonistes masculins. Réalisé au Portugal, interprété par des Allemands, tissé de citations en de multiples autres langues, le Roi des roses est une tour de Babel et d'ivoire, une bulle parfaite dégagée de tout souci de contemporanéité.
Vraie cruauté. Cette non-redevabilité militante à quoi que ce soit d'extérieur à soi, c'est le choix de vie d'Anna et d'Albert, une mère et son fils qui cultivent des roses dans un grand domaine jouxtant la mer et le désert. Lui pense qu'il existe une rose parfaite. Elle croit plutôt que chaque rose a sa spécificité. Dans une pièce, le jeune amant d'Albert, Fernando est enfermé et Albert vient régulièrement le laver, le nourrir ou le caresser. Anna se mêle parfois à une bande d'enfants brutaux et chahuteurs. Autour d'eux, des animaux sont soumis à des tortures; une grenouille est immergée dans une cage, un chat crucifié.
Il y a une vraie cruauté à l'oeuvre dans le Roi des roses. La vie ne s'y éprouve que dans la souffrance extatique, elle n'est qu'un spasme exacerbé avant la mort, toujours au travail, comme ces araignées omniprésentes qui, d'insert en insert, recouvrent le château de leurs toiles.
Ce goût de la dissection, des chairs triturées (la tige des roses entaillée par un