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Critique

Salzbourg rencontre«l'amour»

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Le premier opéra de la Finlandaise Saariaho ovationné.
publié le 29 août 2000 à 3h46

C'est en assistant à la reprise, il y a deux ans à Salzbourg, du Saint François d'Assise de Messiaen, mis en scène par Peter Sellars, dirigé par Kent Nagano et avec Dan Upshaw dans le rôle de l'ange, que Kaija Saariaho s'est laissé convaincre par Gérard Mortier d'écrire son premier opéra. L'Amour de loin, dévoilé au Felsenreitschule ­ immense salle construite à flanc de montagne par Karajan ­ sous la baguette du même Nagano, dans une mise en scène de Peter Sellars et avec Dawn Upshaw dans l'un des deux rôles principaux, a un côté best of des années Mortier, tant il renvoie par l'usage de la spatialisation électronique au Cronaca del Luogo de Berio, à Saint François d'Assise pour l'ampleur du dispositif orchestral et choral, et à la Damnation de Faust montée par la Fura dels Baus pour l'usage de deux grandes tours de verre. Mais l'Amour de loin, c'est avant tout une partition de Kaija Saariaho et un livret d'Amin Maalouf.

Atemporalité. Dans l'océan de la musique contemporaine, la Finlandaise Saariaho n'est pas la seule musicienne à refuser mélodie, rythme, thèmes ou gestes pour privilégier le timbre et l'harmonie. Mais elle est l'une des rares à produire une oeuvre qui s'impose à l'écoute avec la luminosité du rêve. Alors que nombre de compositeurs de sa génération sont encore les otages de champs ou d'écoles dominants des années 70 (postsérialisme, musique aléatoire, théâtre musical), elle se façonne des outils permettant d'analyser, puis de contrôler, à partir de la même mat