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Libération
Critique

Bizarre, belge et border line

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publié le 30 août 2000 à 3h48

Un ami au téléphone : «C'est comment ?» «Heuuu... belge.» Personnage atypique, tentant candidement depuis une vingtaine d'années (toujours par des moyens populaires, entre autres la BD) de concilier le situationnisme de Debord, la psychanalyse lacanienne et la bouffonnerie du duo chantant Pit et Rick, Jan Bucquoy a entrepris depuis quatre ans sous le titre générique de la Vie sexuelle des Belges une enquête qu'il voudrait voir aboutir en révolution. Celle-ci étant programmée pour le 21 mai 2005, ça nous laisse de la marge et, à lui, le temps de réaliser cette année un épisode supplémentaire de sa saga (après Camping Cosmos, avec feu Lolo Ferrari et la Fermeture des usines Renault à Vilvoorde).

Risque. Tournant en vidéo, Bucquoy fabrique son ovni à l'inverse du reste de la planète cinéma. En près d'une heure et demie, vous ne verrez que ce à quoi l'on échappe habituellement: casting, engueulades de tournage, hystérie des actrices et des techniciens, barbecues improvisés et repos du guerrier en cinéaste, la nuit venue, après avoir tourné son plan. Une manière de Mépris ou une version anar et foutraque du Prenez garde à la sainte putain de Fassbinder. Du moins dans le projet, le résultat étant souvent près de casser les nerfs, poussant jusqu'à la limite l'axiome selon lequel «le névrosé est celui qui prend la demande de l'autre pour son désir à lui» (mais alors, ce serait tout le cinéma qui serait hystérique ? Oui, sans doute aucun).

Donnant de l'utopie et de l'amour au sens où l