Sois tranquille, bonhomme. Ils ne peuvent rien contre toi. Laisse passer le temps, comme d'habitude. Sois cool. Zen. Encore douze heures à tenir, maximum, derrière les barreaux.
Un flic maigrichon rapplique, un nouveau apparemment, je ne le connais pas.
Suivez-moi, monsieur Robert.
Salle de police, tous les regards se tournent vers moi. Des regards de haine de certains flics au bord de la crise de nerfs. D'autres détournent les yeux, sifflotent d'un air détaché. Le maigrichon me fait asseoir devant le bureau de l'inspecteur Ducos, une vieille connaissance. Je m'installe tranquillement. Devant lui, un dossier, je lis à l'envers: Affaire Robert. Je ricane. Me voilà devenu une affaire. La dernière fois, le dossier s'appelait: En cours. Ducos, gras du bide et suant à grosses gouttes, comme d'habitude, me demande d'enlever mon tee-shirt. Je refuse, peur d'attraper froid, un courant d'air...
Arrêtez de faire de la provocation. A votre âge!
Je n'ai quand même que 42 ans, à l'entendre, on dirait... Il monte le ton:
Vous balader devant le commissariat, habillé comme ça, ce n'est pas de la provocation d'adolescent attardé, peut-être...
Je bombe le torse. Sur mon tee-shirt rouge, j'ai fait imprimer en grosses lettres noires bien carrées: «Je nique la police.»
... et c'est la cinquième fois en deux mois qu'on vous arrête, toujours pour le même motif...
Le parquet a décidé de ne pas me poursuivre.
C'est son affaire. Mais chez nous, les syndicats sont furieux, un jour ou l'autre, vous a