Dernier rendez-vous d'une contre-culture qui fit les beaux jours des années 70, l'Etrange Festival poursuit depuis huit ans sa noble mission en projetant des films déviants et invisibles ailleurs et en invitant des héros de la marge. L'édition 1999 avait permis de découvrir le légendaire body-artist californien Ron Athey, adepte de la scarification live. Ce samedi, c'est au tour d'Annie Sprinkle, la reine du cul américaine, de présenter son cultissime show intitulé Annie Sprinkle's Herstory of Porn. Un voyage rétrospectif de six heures dans un univers où se croisent putes, pionniers du porno, transsexuels, militants et artistes amis dont elle commente les divers courts-métrages.
Arrivée jeudi dans la capitale, la pétulante Sprinkle ne cache pas son enthousiasme : «Mon grand-père portraitiste vécut à Paris au début des années 40 avant de fuir les nazis aux Etats-Unis. Maman m'a raconté que, petite, il lui arrivait en rentrant de l'école de tomber à la maison sur des jeunes femmes posant nues. Enfant, j'avais donc moi-même cette idée de Paris comme capitale de l'art et du plaisir.» Celle qui naquit à Philadelphie en 1954 dans une famille juive est pourtant une enfant timide et complexée. «Mes parents avaient beau être libéraux, difficile d'échapper aux messages négatifs d'une société puritaine sur la question de la sexualité.» Jusqu'à l'âge de 17 ans, Annie se réfugie dans les musées, les théâtres. Puis c'est la découverte du plaisir à Los Angeles. L'initiateur est un hippie «