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Libération
Critique

Chabrol de choc(olat)

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Expérience stylistique sur fond de polar suisse.
publié le 4 septembre 2000 à 3h58

Venise envoyé spécial

«En Suisse, ils ont les lacs et le chocolat». La définition, abrupte, est de Hitchcock. Qui explique à Truffaut, pour son livre d'entretiens, comment un cinéaste doit viser à l'essentiel; pour cela, il ne faut pas avoir peur du cliché et planter très vite un décor avec des signes reconnaissables par tous, filmer la carte postale mais pour en épuiser toutes les ressources dramatiques. Cette leçon de cinéma a été retenue partout, des premiers James Bond au récent Mission: impossible 2. On imagine que Claude Chabrol, avec une malice toute théorique, a entrepris son 52e film uniquement pour filmer à la lettre l'exemple hitchcockien et voir ce que ça donne au juste de raconter une histoire qui se passerait en Suisse, où l'on verrait beaucoup de lacs et où il serait presque exclusivement question de chocolat. Eh bien, ça marche.

Déceptif. Présenté samedi hors compétition (car Chabrol est membre du jury), Merci pour le chocolat ne brille pourtant pas par son intrigue. Rarement une histoire policière aura été aussi chiche en rebondissements. Jeanne (Anna Mouglalis) est une jeune pianiste qui apprend que, le soir de sa naissance, une infirmière a interverti les bracelets de deux bébés. Il n'est donc pas impossible qu'elle ait pour père André Polonski, pianiste fameux habitant dans le voisinage (Jacques Dutronc). L'ambitieuse débutante voit dans cette affaire mal débrouillée un moyen d'approcher le maître. Mais le musicien a déjà un fils passablement heurté par tou