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Critique

Etanche Kitano

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Yakuza, violence zen... Le premier film tourné aux Etats-Unis par l'acteur-cinéaste japonais n'a rien d'américain.
publié le 5 septembre 2000 à 4h00

Deauville envoyé spécial

La réputation impérialiste du cinéma américain n'est pas volée, mais elle doit être tempérée de cette autre vérité historique: pour s'accroître et prospérer, l'empire hollywoodien n'a jamais hésité à assimiler des cinéastes venus de cinématographies étrangères. Ou encore à acheter leurs scénarios, comme l'illustrait Under Suspicion de Stephen Hopkins présenté dimanche soir, remake chic et vain du Garde à vue de Claude Miller, avec Monica Bellucci en lieu et place de Romy Schneider.

Système cimenté. Si l'Europe a longtemps fourni à l'usine à rêves les contingents de Viennois, de Britanniques ou de Français nécessaires à sa vitale pérennité, c'est l'Asie, qui, depuis quelques années, est à son tour soumise à ce processus ambigu, qui relève autant de la reconnaissance que de la vampirisation: le Mission: impossible 2 du Chinois John Woo en fournit l'un des derniers exemples en date. Le nouveau sur la liste est le cinéaste-acteur-peintre-musicien Takeshi Kitano, pur bloc de mystère nippon que la Bourse des valeurs cinéphiles semble ces temps-ci évaluer à la baisse après l'avoir surcoté. Néanmoins, et malgré le niaiseux Eté de Kikujiro, l'idée de voir le granit Kitano cogner le réel californien justifiait la curiosité en faveur d'Aniki (Brother), film «américain» donc (c'est-à-dire filmé en dollars), et par conséquent présenté à Deauville.

On comprendra vite que la question de l'adaptation en terre étrangère n'est pas de celles qui chatouillent le mental d'u