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Libération
Critique

Monteiro envoie tout Walser

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Le Portugais adapte une pièce de l'auteur allemand.
publié le 5 septembre 2000 à 4h00

Venise envoyé spécial

Enfin, un peu d'électricité. Présenté dans la section «Nouveaux Territoires», l'adaptation par João César Monteiro de la pièce de Robert Walser, Blanche-Neige, est la première secousse du festival. Par un saisissant court-circuit des signifiants, l'auteur suisse-allemand, qui passa le dernier tiers de sa vie dans un hôpital psychiatrique, fut retrouvé mort dans la neige.

C'est sur des clichés de sa dépouille sur fond enneigé que commence le film de Monteiro. Après ces images muettes et blanches, l'écran vire au noir, tandis que la bande-son fait entendre une lecture de la comédie en vers Blanche-Neige, par des comédiens portugais. De temps en temps, le film reprend son souffle, le temps d'un photogramme de ciel, puis replonge dans l'obscurité.

Fauteur de trouble. La projection vénitienne tenait du happening. Dès le début, un incident technique priva le générique de sa musique; ce qui, pour un film uniquement fondé sur une dissociation méthodique de l'image et du son, est plutôt ennuyeux. Sans compter que les projectionnistes, manifestement peu captivés par la chose, ont systématiquement laissé dans le flou les quelques rares images. Certains spectateurs hurlaient, beaucoup sortaient, d'autres riaient et un critique français avisé se jeta même par terre pour lire sa traduction française de la pièce à la lueur des veilleuses de l'escalier.

La première séduction du film tient à cette qualité de fauteur de trouble, et il est quand même amusant de vérifier que,