Un vrai bazar: disques empilés sur les bureaux, va-et-vient incessants, enceintes poussées à bout. Sur le continuo d'une rythmique hip-hop, des jeunes s'agitent, sautillent en baskets et pantalons ultralarges, réglés comme des montres sur l'air du temps. Avec quinze bonnes minutes de retard, Thierry Stremler débarque chez son distributeur pour parler de son premier disque: Tout est relatif. Calme olympien. Veste, chemise et pantalon de velours côtelé noirs, comme sa chevelure de jais, un pull bleu ciel négligemment jeté sur les épaules, le grand échalas se fend d'un sourire un tantinet détaché.
Pied de nez. Sur scène, Thierry Stremler s'habille plus sport (chemise kaki), mais affiche la même nonchalance. C'est le regard décalé et ironique qu'il porte sur les événements de la vie qui a séduit Alain Souchon. Au printemps dernier, la consécration frisée, dont l'écriture figure depuis vingt-cinq ans un homme en prise avec ses faiblesses, choisit parmi dix noms celui de Stremler pour assurer ses premières parties au palais des Sports et au Zénith de Paris. En ce jeune espoir de 31 ans peut-être retrouvait-il un peu de sa faconde. Le respect est en tout cas réciproque: «Entre 9 et 11 ans, j'ai dû entendre trois cents fois l'album Jamais content. Mon père l'écoutait en boucle dès que nous montions en voiture.»
Il faut dire que, de déménagement en déménagement, les Stremler ont pas mal roulé. Parisien de naissance, le garçon a vécu à Orléans, à Nevers, puis à Boulogne-Billancourt, à l